Le premier gala officiel de MMA jamais tenu en France, samedi 19
septembre, a mis en lumière les incohérences autour du statut du MMA,
sport de combat sulfureux, soi-disant interdit mais pratiqué, regardé et
même... subventionné.
Interdit mais... autorisé.L'enquête administrative enclenchée
par le ministère des Sports pour comprendre comment "Cage Encounter#4",
la compétition de Mixed Martial Arts (MMA) organisée au Cirque d'Hiver,
samedi dernier à Paris, a pu avoir lieu va faire pschitt: La direction
départementale de la cohésion sociale (DDCS) de la Préfecture de Paris a
tacitement autorisé la manifestation en omettant de répondre à la
demande des organisateurs dans les dix jours, ce qui vaut accord.
La
Préfecture n'a failli qu'aux yeux des détracteurs du MMA--
principalement les responsables de fédérations de sports de combat
craignant de subir une hémorragie de licenciés-- qui s'élèvent contre
deux ingrédients de ce sport: les combats en cage et les frappes au sol.
Rien en effet dans la loi française n'interdit formellement le MMA. Les
deux textes sur lesquels se fonde la mise au ban de la discipline sont
respectivement non contraignant et imprécis.
Le premier est une
simple recommandation du Conseil de l'Europe datant de 1999 et prônant
l'interdiction de la lutte en cage et des combats libre. Aucun des pays
concernés par les recommandations de Strasbourg ne la respecte. Le
second est l'article L331-2 du Code du sport stipulant que la tenue
d'une manifestation présentant "des risques d'atteinte à la dignité, à
l'intégrité physique ou à la santé des participants peut" être
interdite. Il n'est ni catégorique, ni précis. Une brèche dans laquelle
se sont engouffrés les avocats des organisateurs de la soirée
parisienne.
"Quand j'interdis une compétition de MMA, je le fais
sur des bases doctrinaires, pas légales", avoue ainsi un ancien
responsable d'une direction jeunesse et sports en région.
Interdit mais pratiquéLa pratique et les entraînements de MMA
en club sont autorisés depuis 2008. En revanche, le ministère des
Sports a toujours refusé son agrément ou sa délégation aux fédérations
impétrantes, la CFMMA présidée par l'ancien judoka Bertrand Amoussou et
la FPAMM que dirige Gerard Garson, ancien président de la fédération de
karaté et médecin spécialiste en traumatologie.
On estime pourtant
aujourd'hui à quelque 30.000 le nombre de pratiquants réguliers,
notamment dans des clubs de renom comme le Racing Club de France qui a
ouvert sa section MMA il y a cinq ans, avec un succès exponentiel.
Un
paradoxe qui peut être un danger. "Qu'on interdise le MMA, ou qu'on
l'encadre", tonne Fernand Lopez, ancien champion devenu gérant de club.
En effet, en l'absence d'existence légale via une fédération agréée, le
MMA n'obéit à aucune exigence en matière de formation des enseignants:
professeurs de judo, de boxe, ou entraîneurs de MMA autoproclamés...
N'importe qui peut s'improviser professionnel dans ce secteur. Avec tous
les risques sanitaires que cela comporte.
Interdit mais subventionnéAbritées donc par des clubs
enseignant d'autres sports reconnus comme la boxe, la lutte, le judo, le
karaté, etc..., les sections MMA bénéficient par ricochet des mêmes
subventions que des disciplines parfois olympiques. "Jamais les collectivités territoriales n'ont refusé des subventions à un club sous prétexte
qu'il avait une section MMA" reprend Fernand Lopez. Une aberration au vu
de l'énergie que dépensent les pouvoirs publics à empêcher le
développement de la discipline.
Très apprécié... comme tout ce qui est interditOutre les
pratiquants, le MMA compte des spectateurs fidèles. Le gala du Cirque
d'Hiver s'est tenu à guichets fermés et les combats de l'UFC, la version
professionnelle proposée par la ligue nord-américaine de MMA, attirent
en moyenne des centaines de milliers de téléspectateurs français sur
Kombat Sport une chaîne accessible sur le cable en France mais émettant
depuis le Luxembourg. Sans parler de son succès grandissant sur les
réseaux sociaux.
Depuis 2006 en effet, le CSA interdit la
retransmission de MMA par des chaînes françaises au nom de la
recommandation européenne et de l'article subséquent du Code du Sport.
La
France est le dernier grand pays européen à s'arcbouter sur ces
positions alors que les combats de l'UFC ont droit de cité dans les plus
grandes salles des pays voisins: l'Angleterre, l'Allemagne, l'Irlande
et même la Suède qui interdit pourtant... la boxe anglaise jugée trop
dangereuse.
(AFP)
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