jeudi 23 juin 2016

Euro 2016 : pourquoi l'UEFA a augmenté le nombre de participants

Première phase finale de l’Euro de football disputée avec 24 équipes, l’édition 2016 en France suscite commentaires et interrogations. Cette décision de l’UEFA de passer de 16 équipes, format mis en place à partir de 1996, à 24 n’est pas le fruit de hasard ou d’un simple opportunisme mercantile. Elle s’inscrit dans un agenda mis en place par Michel Platini lors de son arrivée à la présidence de la confédération, en 2007.

A l’époque, l’UEFA pose les objectifs suivants pour l’avenir de son Euro : permettre à un plus grand nombre d’équipes de jouer et de rencontrer les grandes équipes, multiplier les matches à enjeu, maintenir voire augmenter la lisibilité du processus, et se diriger vers une phase finale à 32 équipes. Reprenons ces objectifs un à un…
Permettre à un plus grand nombre d’équipes de jouer et de rencontrer les grandes équipes… Ici, on peut imaginer un renvoi d’ascenseur de Michel Platini aux petites fédérations qui ont assuré son élection face aux fédérations les plus puissantes. Ce que le lobby des grands clubs n’a pas permis à Platini de réussir avec la Ligue des champions, l’ancien président de l’UEFA, démissionnaire en mai 2016, le fera donc avec l’Euro.
« L’Ecole des fans »
Multiplier les matches à enjeu… Ici, le bilan est mitigé. Si le suspense a prévalu jusqu’à la dernière minute du dernier match de la phase de poules de l’Euro 2016, cela s’est fait au détriment des premiers matchs, qui ont clairement manqué d’intensité. Il en a résulté un spectacle moyen, illustré par le petit nombre de buts inscrits : 1,92 après la phase de poules, contre, par exemple, 2,83 lors du Mondial brésilien de 2014. In fine, il en ressort un sentiment digne de l’ « Ecole des fans » où trois équipes sur quatre continuent leur route, dont certaines sont loin d'avoir brillé.
Pour ce qui est de maintenir voire d’augmenter la lisibilité du processus, c’est clairement loupé pour l’UEFA. A partir de la deuxième journée de la phase de poules, la presse s’est gaussée d’un règlement illisible qui obligeait à des calculs savants pour déterminer, d’une part les équipes qualifiées, d’autre part les affiches des huitièmes de finale.
Faire grossir la galette
Reste le dernier objectif à terme de l’UEFA, dont l’édition 2016 de l’Euro ne permet que de placer un jalon : porter à 32 le nombre d’équipes participantes à la phase finale. Outre la caresse dans le sens du poil aux dirigeants des petites fédérations évoqué plus haut, le but est évidemment commercial. Il suit en cela la course à l’échalote dans laquelle l’UEFA est lancée, tout comme la Fifa, qui, de son côté, entend passer de 32 à 40 équipes en phase finale de Coupe du monde.
En augmentant le nombre d’équipes, on fait mécaniquement grossir la galette. Et passer de 16 à 24 équipes, c’est déjà augmenter le nombre de matchs de la phase finale de 31 à 51. Avec à la clé une augmentation des recettes directement liées aux nombres de matchs. Pour l’Euro 2016, les droits de diffusion télé s’élèvent ainsi à 1 milliard d’euros tandis que la vente des billets rapporte 500 millions d’euros.
Cette volonté de faire grossir sans cesse les événements sportifs aura-telle une fin ? Seule la lassitude de l’amateur face à un spectacle de moins bonne qualité paraît susceptible de tempérer les ardeurs commerciales de la machine à cash qu’est devenue l’UEFA. Or, aux dernières nouvelles, les audiences télé battent des records partout en Europe...

(RFI)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.