Première phase finale de l’Euro de football disputée avec 24 équipes,
l’édition 2016 en France suscite commentaires et interrogations. Cette
décision de l’UEFA de passer de 16 équipes, format mis en place à partir
de 1996, à 24 n’est pas le fruit de hasard ou d’un simple opportunisme
mercantile. Elle s’inscrit dans un agenda mis en place par Michel
Platini lors de son arrivée à la présidence de la confédération, en
2007.
A l’époque, l’UEFA pose les objectifs suivants pour l’avenir de son
Euro : permettre à un plus grand nombre d’équipes de jouer et de
rencontrer les grandes équipes, multiplier les matches à enjeu,
maintenir voire augmenter la lisibilité du processus, et se diriger vers
une phase finale à 32 équipes. Reprenons ces objectifs un à un…
Permettre à un plus grand nombre d’équipes de jouer et de rencontrer
les grandes équipes… Ici, on peut imaginer un renvoi d’ascenseur de
Michel Platini aux petites fédérations qui ont assuré son élection face
aux fédérations les plus puissantes. Ce que le lobby des grands clubs
n’a pas permis à Platini de réussir avec la Ligue des champions,
l’ancien président de l’UEFA, démissionnaire en mai 2016, le fera donc
avec l’Euro.
« L’Ecole des fans »
Multiplier les matches à enjeu… Ici, le bilan est mitigé. Si le
suspense a prévalu jusqu’à la dernière minute du dernier match de la
phase de poules de l’Euro 2016, cela s’est fait au détriment des
premiers matchs, qui ont clairement manqué d’intensité. Il en a résulté
un spectacle moyen, illustré par le petit nombre de buts inscrits : 1,92
après la phase de poules, contre, par exemple, 2,83 lors du Mondial
brésilien de 2014. In fine, il en ressort un sentiment digne de l’
« Ecole des fans » où trois équipes sur quatre continuent leur route,
dont certaines sont loin d'avoir brillé.
Pour ce qui est de maintenir voire d’augmenter la lisibilité du
processus, c’est clairement loupé pour l’UEFA. A partir de la deuxième
journée de la phase de poules, la presse s’est gaussée d’un règlement
illisible qui obligeait à des calculs savants pour déterminer, d’une
part les équipes qualifiées, d’autre part les affiches des huitièmes de
finale.
Faire grossir la galette
Reste le dernier objectif à terme de l’UEFA, dont l’édition 2016 de
l’Euro ne permet que de placer un jalon : porter à 32 le nombre
d’équipes participantes à la phase finale. Outre la caresse dans le sens
du poil aux dirigeants des petites fédérations évoqué plus haut, le but
est évidemment commercial. Il suit en cela la course à l’échalote dans
laquelle l’UEFA est lancée, tout comme la Fifa, qui, de son côté, entend
passer de 32 à 40 équipes en phase finale de Coupe du monde.
En augmentant le nombre d’équipes, on fait mécaniquement grossir la
galette. Et passer de 16 à 24 équipes, c’est déjà augmenter le nombre de
matchs de la phase finale de 31 à 51. Avec à la clé une augmentation
des recettes directement liées aux nombres de matchs. Pour l’Euro 2016,
les droits de diffusion télé s’élèvent ainsi à 1 milliard d’euros tandis
que la vente des billets rapporte 500 millions d’euros.
Cette volonté de faire grossir sans cesse les événements sportifs
aura-telle une fin ? Seule la lassitude de l’amateur face à un spectacle
de moins bonne qualité paraît susceptible de tempérer les ardeurs
commerciales de la machine à cash qu’est devenue l’UEFA. Or, aux
dernières nouvelles, les audiences télé battent des records partout en
Europe...
(RFI)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire